jueves, 31 de diciembre de 2009

JULIO CORTÁZAR (V)


HAPPY NEW YEAR


Mira, no pido mucho,
solamente tu mano, tenerla
como un sapito que duerme así contento.
Necesito esa puerta que me dabas
para entrar a tu mundo, ese trocito
de azúcar verde, de redondo alegre.
¿No me prestás tu mano en esta noche
de fìn de año de lechuzas roncas?
No puedes, por razones técnicas. Entonces
la tramo en el aire, urdiendo cada dedo,
el durazno sedoso de la palma
y el dorso, ese país de azules árboles.
Así la tomo y la sostengo,
como si de ello dependiera
muchísimo del mundo,
la sucesión de las cuatro estaciones,
el canto de los gallos, el amor de los hombres.


31/12/1951
(De Salvo el crepúsculo)


viernes, 11 de diciembre de 2009

CLARA JANÉS


Col mare
mi sono fatto
una bara
di freschezza


UNGARETTI

Un ataúd, el mar
de párpados preñados
de abandonos.
La historia
se transforma en sal
y de la fuga
pasa a la presencia
inasible.
Debajo del enigma
una existencia
fue.
Y ahora
diluida
sopla los colores
del espectro
que sólo el ojo
capta.
En la nada,
también en la nada,
espero el amor:
una condensación súbita,
un cuadro abstracto
de nubes reflejadas
o esbozos ondeantes
de las olas en la arena,
que al punto se disipan.


(De Fractales)


sábado, 5 de diciembre de 2009

Para escribir un solo verso...




"Pour écrire un seul vers" extrait du film Clara et moi d'Arnaud Viard.


"Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas ( c’était une joie faite pour un autre ), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers."

Rilke, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge.


jueves, 3 de diciembre de 2009

La historia de temor de la niña lechuza


(Aquí iba a ir adjunta la imagen de un precioso atardecer en una reserva ornitológica de Extremadura. Pero los pájaros echaron a volar y la foto con ellos).



Veo un barco irse a la deriva
en un mar en calma.

El pelo enmarañado,
los pechos desnudos,
yo voy expuesta en la proa
como un mascarón roto
a fuerza de embates.

Veo al barco irse a la deriva.

Siento el agua encharcando
mis pulmones,
las algas enroscándose
en mi cuello,
la espuma devorándome
la boca.

Veo al barco irse a la deriva
mientras él me abraza
y me susurra:
"Mira, Cecilia, mira a lo lejos,
es todo tan hermoso".